
Enfance en Ariège : Entre Ville et Campagne
Née à Toulouse une nuit de Noël, je grandis en Ariège, pas loin des montagnes. Mon enfance se divise en deux parties distinctes : les semaines en ville, et les weekends à la campagne. Même si elle prend proportionnellement moins de place, c’est pourtant cette deuxième partie qui me marque profondément. Mes weekends sont consacrés à l’exploration et à l’observation de la nature. Je passe mes journées à grimper aux arbres, construire des cabanes et des cannes à pêche, retourner les tas de compost à la recherche de vers, cueillir des fruits dans le verger ou des légumes dans le potager, sentir les fleurs, courir pieds nus dans l’herbe, et à dormir à la belle étoile durant les nuits d’été avec mon frère et mon cousin. Chaque dimanche soir je rentre chez moi pleine d’épines, les cheveux emmêlés de branches et de lichen, au grand dam de ma mère.
Mon voisin, qui est vétérinaire, me donne un jour un livre intitulé « Faune et flore de France et d’Europe”, qui devient rapidement l’un de mes livres de chevet. Je l’utilise à la manière des enfants : je regarde les images des animaux qui me plaisent, apprenant par cœur leur description. Je m’en sers aussi pour identifier les papillons, les rongeurs, les tritons et les oiseaux que je rencontre lors de mes escapades.
De la Curiosité à l’Engagement : Mes Études en Biologie
Jeune adulte, et le bac S en poche, je rentre à l’Université Paul Sabatier à Toulouse où, tout naturellement mes études s’orientent vers l’écologie. Je décide d’approfondir en me spécialisant finalement en microbiologie, attirée particulièrement par les interactions symbiotiques mutualistes entre les plantes et les champignons. J’aime l’idée de travailler sur des associations bénéfiques, plutôt que sur les parasites – je ne veux pas que mon travail contribue à la création de produits phytosanitaires ! Je passe le concours et décroche une bourse de thèse au sein du Laboratoire de Recherche en Sciences Végétales.
Trois Voies, Une Vocation
En parallèle de ma thèse, je développe alors trois voies :
L’Éducation : Je donne des cours à l’université où je me découvre une vocation pour l’enseignement. Je deviens en même temps responsable d’unité chez les Eclaireurs et les Eclaireuses de France, travaillant cette fois avec les ados. J’aime tout particulièrement les weekends passés avec ces jeunes, à apprendre des techniques de construction dans la nature…
La Permaculture : La lecture de « La révolution d’un seul brin de paille » de Masanobu Fukuoka m’éclaire grandement. Cette approche fait écho à mes observations d’enfance et me semble bien plus sensée que le modèle d’agriculture intensive actuel, avec ses champs dénudés, empoisonnés et dépourvus de vie. Je participe donc à plusieurs stages, me forme un peu à l’apiculture à Dun, au centre d’Amma, où je m’implique activement. Je comprends que la Recherche ne donnera pas de sens à ma vie.
La Communication NonViolente : J’arrive, par le biais de la spiritualité, à la lecture du livre de Marshall Rosenberg “Les mots sont des fenêtres ou bien ce sont des murs”, et beaucoup de choses s’éclairent en moi. Ma vie prend un tournant à 180°. Dès mon premier stage avec Diane Baran, toujours à Dun, je me dis qu’un jour, je serai dans sa position de formatrice. Depuis, je pratique la CNV tous les jours, que ce soit à titre personnel ou professionnel.
Aventure en Asie : L’Expansion de Mes Horizons
Une fois ma thèse terminée, je pars cinq mois en Asie, plus précisément en Thaïlande, où je continue à me former aux techniques de permaculture. Je vis alors plusieurs expériences de Woofing plus ou moins réussies. Lors de l’un de ces stages, la conduite d’un formateur me pousse à une profonde réflexion. En tant que stagiaire, je ressens un malaise face à la dissonance entre les principes enseignés et les comportements observés. Cette expérience renforce ma conviction sur la nécessité de la thérapie pour ceux qui transmettent leur savoir, afin d’assurer une cohérence entre discours et actions, et de véritablement incarner ce qu’on enseigne.

Empathie et Guérison : Mon Chemin avec la Kinésiologie
De retour en France, je rentre en Ariège et m’installe dans un mobile home, sur le terrain d’un couple d’apicultrices. Je me laisse un peu de temps pour réfléchir à ce à quoi j’aspire dans ma vie de tous les jours, et la décision de devenir professeure des écoles s’impose naturellement. Je m’inscris au concours et je commence à réviser seule, entourée par la nature. Pour payer mon loyer, je pratique l’apiculture et continue à apprendre. C’est également à ce moment-là que je démarre mon premier potager, ce qui me remplit de joie.

Je rencontre Sheila, une voisine qui exerce la thérapie par la kinésiologie. En l’observant, j’apprends ce qu’est véritablement l’empathie. Je la vois interagir avec les autres, toujours sans jugement, accueillant chacun tel qu’il est. Lorsqu’elle est en présence de quelqu’un en difficulté, je remarque qu’elle parvient à rester connectée à ses propres émotions tout en reconnaissant l’inconfort de l’autre. Ce comportement, que je n’avais jamais observé auparavant, est une révélation pour moi. C’est en confiance que je lui demande de devenir ma thérapeute. Grâce à son soutien régulier, je sens que je progresse intérieurement. Aujourd’hui, Sheila reste une des personnes qui m’ont le plus marqué par son exemplarité.
Devenir Formatrice en CNV : Un Rêve Réalisé
L’idée d’être formatrice en CNV est toujours bien présente, aussi je me lance à corps perdu dans les formations. J’assiste notamment en 2016 à un stage de six jours afin d’apprendre les trois modules de base de la CNV. Je fais la rencontre de Lise Rodien, qui ne tarde pas à devenir bien plus qu’une simple amie pour moi, mais véritablement un modèle d’incarnation de l’amour et de la bienveillance, rappelant Sheila à bien des égards. Elle devient ma référente CNV et me soutient dans mon parcours pour devenir formatrice certifiée au sein du réseau français. Je participe dans un premier temps à des stages avec elle, puis, je l’assiste et commence à travailler ma posture de formatrice. Si certains participants me lisent, ils se rappelleront peut-être que, pendant mes stages de CNV, je passais mes insomnies à réviser mon concours afin de devenir professeure des écoles !
J’ai aussi la chance d’intégrer son groupe de filleul.e.s, cercle de pairs qui cheminent pour devenir des formateurs et formatrices certifié.e.s. Ensemble, nous apprenons et travaillons à nous améliorer. Dès lors, je réalise combien il est crucial d’être entouré de personnes qui favorisent notre progression par leur présence et leur exemple. Un regard bienveillant et sans jugement, qui illumine notre voie, est pour moi essentiel pour évoluer en douceur, gagner en confiance et affronter ses propres vulnérabilités avec clarté et patience.
À ma surprise, je réussis le concours au premier essai en 2017 et commence alors à enseigner. La CNV s’avère être un soutien précieux dans mon travail : elle m’aide dans mes interactions avec les enfants, les collègues et les parents. Je suis profondément convaincue de son importance dans l’exercice de mon métier. Je rêve d’un monde où tous mes collègues auraient accès à des formations en CNV, soutenant ainsi l’éducation des jeunes et favorisant un avenir où l’humain serait plus empathique et bienveillant envers lui-même et les autres. Je suis certifiée formatrice en CNV en 2022, alors que plus d’une décennie s’est écoulée depuis la lecture du livre de Marshall !
Le Havre de Pan : La Conciliation de Mes Passions
La rencontre avec Vanessa en 2019, une autodidacte infatigable et touche-à-tout, a marqué le début d’un nouveau chapitre dans ma vie. Nous découvrons très vite que nos aspirations sont alignées et que nous partageons plusieurs passions, comme les jeux vidéo, la moto, la permaculture et les animaux. Peu après notre rencontre, nous commençons à cultiver un potager ensemble dans notre petit jardin, et nos discussions tournent souvent autour de la permaculture et de nos visions de l’écologie. Après quelques péripéties et déménagements, nous décidons, même si nous habitons en Gironde, d’investir la maison et le terrain de Vanessa en Corrèze pour notre projet permacole. Pour moi, il s’agit de créer un lieu dédié à l’autonomie alimentaire et capable d’accueillir des stagiaires.
C’est seulement en 2022, lorsque nous rencontrons Bertrand, l’ami d’un voisin, que nous découvrons ce qu’est un jardin forêt. Notre projet de vie vient de germer : Le Havre de Pan. Ce projet intègrera autonomie et aspect pédagogique, tout en se développant comme un espace d’accueil et de ressourcement pour mes formations. Je souhaite que ce lieu donne l’élan à ceux qui en ont besoin de cultiver leur propre coin de paix.
L’importance des premiers pas
En relisant ce que j’ai écrit, je réalise qu’il y a une personne à qui je n’ai pas rendu hommage à la hauteur de ce qu’elle m’a apporté : ma mère. Outre son martelage écologique, ce que je retiens surtout d’elle c’est l’amour inconditionnel, et le don de soi, qu’elle m’a transmis par l’exemple.
Je rencontre souvent lors de mes stages ou dans mes échanges des personnes qui souffrent de blessures d’enfance liées à un manque de reconnaissance parentale. Je peux dire que ce n’est pas mon cas. Néanmoins, j’aimerais transmettre ici un message d’espoir à ceux qui ont vécu beaucoup de souffrance. Il est tout à fait possible d’améliorer son bien-être, et le regard que l’on a sur soi, en alliant de la thérapie et des techniques qui soutiennent notre vie présente. La CNV est un parfait exemple de ces outils qui permettent un changement profond et durable dans notre vie.
À chaque étape de ma vie, je n’ai jamais douté de l’amour ou du soutien de ma mère. Elle m’a laissé faire mes choix et pour cela, je lui suis infiniment reconnaissante. Avancer avec confiance est bien plus aisé quand on a eu la chance de faire ses premiers pas sous un regard bienveillant comme le sien.
