Un Condensé de Biodiversité : Le Jardin Forêt
À la Découverte de Notre Forêt Comestible
Observation et conception
Notre jardin forêt le Havre de Pan est un lieu d’expérimentation. Il est récemment passé de simples croquis sur le papier à la réalisation concrète d’un espace dynamique et évolutif. Quand on a commencé, l’idée était de créer un lieu qui, non seulement produirait de la nourriture de façon durable, mais servirait aussi de refuge pour la biodiversité locale. Nous avons ainsi divisé le jardin en plusieurs zones, chacune ayant sa propre fonction.
Au début, on a passé beaucoup de temps à observer et à noter ce qui se passait naturellement sur le terrain. Grâce à cette approche, on a pu comprendre où planter certains arbres pour qu’ils prospèrent. Le terrain sud, situé en face de la maison, est très dégagé. On a donc décidé d’y implanter nos haies fruitières, un potager, des serres, et nos cultures de céréales. Le terrain nord, plus frais et humide du fait de sa proximité avec des sources, accueillera notamment une grande mare. La noyeraie, située immédiatement à l’arrière de la maison, est déjà très arborée. Afin de diversifier encore le projet, on a prévu d’y planter des guildes.
Planification et apprentissage
Ensuite, on a soigneusement choisi les espèces nourricières et mellifères que l’on souhaitait introduire pour leur utilité et leur adaptabilité à notre climat en Corrèze. On a ainsi sélectionné chaque plante pour sa capacité à contribuer à l’écosystème global du jardin, que ce soit en fournissant de la nourriture, en fixant l’azote dans le sol, ou en attirant les pollinisateurs. Tout au long de notre réflexion, on a pris en compte les problématiques environnementales actuelles et à venir. Ainsi, pour une même espèce fruitière, on a opté à chaque fois pour plusieurs variétés avec des périodes de floraisons étalées dans le temps. On a aussi favorisé des essences résilientes afin de faire faces aux défis climatiques et aux maladies.
Tout ce processus, de recherches, d’arbitrages, et de création, s’est étalé sur presque deux ans, et nos plans sont encore en constante évolution ! Tout en se transformant peu à peu en une forêt en devenir, notre jardin continue de nous enseigner la patience et l’humilité.
Espèces Plantées et Biodiversité
Notre sélection d’espèces reflète notre engagement en faveur de la permaculture et de la biodiversité. Dans un soucis premier de quête d’autosuffisance, on a principalement opté pour des espèces comestibles. Ainsi, des petits fruits comme les groseillers côtoient des arbres fruitiers variés tels que des abricotiers et noisetiers, ou encore des arbres plus exotiques comme les asiminiers ou les feijoas.
Ces choix sont dictés par leur utilité multiple : alimentation, mais aussi mellifère, fixatrice d’azote, et ornementale. On a ainsi veillé à choisir une proportion conséquente d’espèces non rosacées, conformément aux principes de la permaculture. On intègre aussi dans notre design une dimension contemplative. Notre but est de permettre aux personnes qui viendront visiter notre jardin et suivre nos formations en CNV de se ressourcer, et de nourrir leur besoin de beauté. En plantant densément sur près de 1000m², on a créé, à l’automne 2023, des haies multi-étagées agrémentées par des strates herbacées et légumes perpétuels. On favorise ainsi un écosystème riche et diversifié.
Les plantes compagnes jouent un rôle crucial dans notre biocénose. Elles incluent par exemple des espèces de la famille des légumineuses, qui fixent l’azote dans le sol. Celles-ci améliorent la fertilité de la terre sans intervention chimique. D’autres, comme le sureau noir ou la lavande, attirent les pollinisateurs essentiels à la fructification. Et ça tombe bien parce qu’on compte se nourrir grâce à notre forêt ! On a également planté des espèces spécifiques, telles que des alliacées. Ces dernières servent de répulsifs naturels contre les maladies et ravageurs. Notre principe est simple ; imiter la forêt, et laisser le système s’équilibrer.
Véritables corridors écologiques pour la faune, nos haies fruitières ne représentent qu’une toute petite partie de notre projet global. On a dans l’idée de planter à l’automne prochain plusieurs centaines d’arbres encore sur le reste de notre terrain.
Techniques Permacoles pour la Biodiversité
Dans notre approche de la permaculture au Havre de Pan, on met en pratique une série de techniques spécifiques. Elles sont conçues pour encourager un système de jardinage à la fois productif et respectueux de l’environnement. Voici quelques méthodes concrètes qu’on intègre déjà, ou qu’on va intégrer à l’avenir dans notre jardin forêt :
Paillage Intensif
Avant toute plantation, on enrichit le sol par un paillage généreux, favorisant la santé du sol et la biodiversité microbienne. On a constaté plusieurs bénéfices :
- L’humidité est mieux conservée dans le sol.
- La fertilité du sol est nettement améliorée. Comme aime à le dire Mathilde, « Notre terre, c’est du beurre. ».
- La croissance des adventices est ralentie.
- Les déchets du jardin (tonte, bois) sont recyclés et se transforment en une ressource précieuse.
Association de Cultures
On peut dire que c’est un peu le cœur de notre stratégie de plantation. En combinant différentes plantes au sein du même espace, on a réussi à créer des synergies bénéfiques. Chaque plante apporte quelque chose d’unique à ses voisines. Par exemple, les chalefs présents dans nos haies enrichissent le sol. Ils soutiennent ainsi les arbres à proximité plutôt gourmands en nutriments.
Utilisation de Structures Permanentes
On a pour projet de mettre en place des structures permanentes, comme des pergolas et des treillis. Elles auront pour fonction de supporter les plantes grimpantes telles que les vignes et les kiwis. Ces structures ne serviront pas seulement de support. Elles créeront également des microclimats au sein du jardin, offrant de l’ombre ou un abri contre le vent pour les plantes et les animaux.
Gestion de l’Eau
On est conscientes de l’importance cruciale de l’eau, et de l’enjeu qu’elle va représenter dans les prochaines années. Pour le moment, en Corrèze, on est plutôt épargnées, mais on sait que cela risque fort de changer. Du coup, on compte rapidement adopter des méthodes de gestion de l’eau qui maximisent l’efficacité de l’irrigation et réduisent le gaspillage. On pense notamment à mettre en place des techniques de récupération de l’eau de pluie, de récupération des eaux grises, de goutte-à-goutte, ainsi qu’à créer plusieurs mares et points d’eau sur nos différentes parcelles.
Création de Zones de Biodiversité
On s’efforce de créer des zones spécifiques au sein du jardin forêt pour favoriser la biodiversité. Des zones sauvages, laissées à l’état naturel, côtoient des espaces plus structurés. Notre approche est fondée sur une observation minutieuse de l’environnement : le cycle solaire, la faune et la flore indigènes, ainsi que les conditions climatiques. La zone la plus fraîche est située au fond du terrain nord. Elle est donc destinée à accueillir une canopée diversifiée en plus des espaces aquatiques.
On s’intéresse aussi beaucoup aux effets de bordure. On essaie ainsi concrètement de multiplier les jonctions entre des écosystèmes différents. Cette vision nous permet de soutenir une large gamme d’insectes, d’oiseaux, et de micro-organismes, cruciaux pour la régulation, la pollinisation, la décomposition de la matière organique, et, en général, pour la santé du biotope du jardin.
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